histoIRE & HÉRITAGE

TERRE

LaRoche-Vacquié se trouve à l’extrémité d’un plateau dominant la vallée du Gers à l’ouest et la ville de Lectoure au sud, considérée comme une des communes les plus pittoresques et historiques de la région, ancien oppidum gallo-romain et capitale des Comtes d’Armagnac. La région de Lectoure est connue dès les premiers siècles de notre ère pour produire du vin. LaRoche-Vacquié a très certainement quelques pieds de vigne dès l’époque gallo-romaine mais c’est à partir du XIe siècle que le vignoble lectourois se fait connaître en fournissant notamment la table des rois de France jusqu’à la fin de la guerre de cent ans. “Ses sols d’une qualité supérieure à ceux des autres régions”, comme l’indique le rapport de 1859 sur les Vins du Gers et les Eaux-de-vie d’Armagnac, en font une des premières contrées viticoles de France.



 

HISTOIRE

Situé au cœur d’un domaine de 65 hectares (160 acres), le château actuel a été diversement orthographié au cours des siècles: BacquéBaquéVaquierVacquiéVacquier. Il tire son nom d’un de ses propriétaires, un Vacquier qui fut sénéchal de Lectoure, connu par l’Élégie sur la mort du sénéchal Vacquier du poète lectourois de langue d’oc du XVIe siècle André Du Pré. La sénéchaussée d’Armagnac est créée par Louis XI en 1473, à la suite de la prise de Lectoure et de l’annexion du comté d’Armagnac au royaume de France. Lectoure en devient la capitale. En 1491, le livre terrier, registre contenant les lois et usages de la seigneurie pour permettre aux propriétaires de faire valoir leurs droits (origine de propriété, limites physiques, occupation par un tiers…), et à la commune de prélever l’impôt, est rédigé par les notaires lectourois, à l'initiative du consul, Guilhez de Pitrac. Il indique qu’une ancienne chapelle, dédiée à saint Mamet, ainsi qu’une salle, c’est-à-dire une maison forte médiévale, existaient sur l’emplacement du vignoble actuel. Bien que répandues dans toute la Gascogne et l'Aquitaine, depuis l'Auvergne et le Limousin jusqu'au Pays basque, sous la forme des casas-torres, les tours-salles sont particulièrement nombreuses dans la région de Lectoure. À partir du XVIIIe siècle, le château appartient aux Pâris, une famille de robe installée de longue date à Lectoure, et qui ajoute à son nom celui de Vacquier. Les Pâris font partie de ces familles de la bourgeoisie et de la petite noblesse qui adhèrent très vite au mouvement janséniste - mouvement de la réforme catholique s’opposant notamment à l’absolutisme royal. Louis Pâris-Vacquier de Villers, fils d’un conseiller à la sénéchaussée, sera contraint de s’exiler à Utrecht, tandis que son frère, avocat, demeure à Lectoure. En 1784, un descendant de Louis Pâris-Vacquier de Villers remplace sa vieille gentilhommière par un château ou plutôt par ce qu’on appelle une chartreuse, c’est-à-dire une maison de maître à simple rez-de-chaussée, fortement barlongue, comportant des éléments architecturaux extérieurs et une finition intérieure tranchant sur l’ordinaire, manifestant un certain art de vivre. 

architecture

FLOOR PLAN — 1784

 

On ignore le nom de l’architecte, mais on a conservé ses études et plans. L’édifice s’inscrit dans une tradition de simplicité non dépourvue d’élégance. Le choix aboutit à un bâtiment particulièrement soigné dans sa réalisation grâce à sa toiture à la Mansart. Son corps principal est rectangulaire, avec un pavillon légèrement saillant à chaque extrémité. Il est couvert d’un toit à deux ressauts, la partie haute en tuiles canal, la partie basse en tuiles rondes plates. Des lucarnes s’élèvent sur la partie basse du toit. On arrive au château par l’Est, par une cour d’honneur carrée, bordée au nord par le bâtiment des communs dévolu aux travaux agricoles dans lequel se situent une boulangerie, des écuries et des chais dédiés à l’élevage de vin blanc, de vin rouge et d’Armagnac, pratique nouvelle à l’époque. À l’opposé du bâtiment principal, à l'ouest, la pente a permis d’ajouter un double perron avec un garde-corps formé de balustres typiques de la région lectouroise de l’époque. Une terrasse à deux niveaux, plantée de marronniers, se termine par un petit bassin circulaire. Une petite chapelle Janséniste se trouve au nord-ouest. À l’intérieur, le plan s’organise sur un long couloir central qui court sur la longueur du bâtiment. On entre par la porte principale dans un « vestibule » qui sert de salle à manger. Des salons de compagnie et de jeu, un « atelier », des cabinets de toilette et des « lieux à l’anglaise » témoignent d’une vie sans apparat, mais avec un souci de confort. La décoration extérieure se compose de bandeaux et de moulures qui soulignent la structure de l’édifice; à noter les angles qui témoignent d’un raffinement subtil. Au-dessus de la porte d’entrée, un médaillon ovale porte les deux blasons des familles Pâris et Saint-Julien, et la date de la construction, 1784. À l’intérieur, se trouvent des boiseries ainsi qu’une belle cheminée Louis XVI à pilastres cannelés, agrémentée de médaillons et de rosaces. Enfin, une bibliothèque composée de plus de 3000 livres constituaient de loin la plus importante collection privée d’ouvrages de la région.

HÉRITAGE

Depuis 1986, la famille Compagnon continue la tradition millénaire de ce terroir exceptionnel. En développant la production du Pruneau d’Agen, Bruno Compagnon devient l’un des principaux acteurs du secteur exploitant 45000 arbres entre Lectoure et Condom. Après l’acquisition du Domaine de Mirail en 1990, Bruno Compagnon décide de replanter les vignobles de LaRoche-Vacquié et de Mirail pour faire renaître le Haut Armagnac disparu du marché depuis les crises de l'oïdium et du phylloxéra à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle. Le 27 janvier 1997, le Ministre de l’agriculture nomme Bruno Compagnon Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole pour cet accomplissement. En 2008, LaRoche-Vacquié est entièrement converti en agriculture biologique. En 2011, le domaine devient indépendant énergétiquement grâce à la création d’une ferme solaire. Le vignoble est aujourd’hui composé de 35 hectares en production.